Lettre ouverte de parents d’élèves de Saint-Denis à Monsieur le Ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, à Monsieur le Recteur de l’Académie de Créteil, M. Daniel Auverlot
« Saint-Denis, ville royale, ville peu banale… » pour reprendre les mots de Grand Corps Malade, l’Etat abandonne tes enfants !
Nous voulons parler aujourd’hui d’une situation devenue banale malheureusement pour ces lycéens de Saint-Denis, qui, l’an dernier, n’ont pas eu de professeur de Français au lycée Suger pendant deux mois en classe de Seconde et de Première ES. De nouveau, cette année, des lycéens de Seconde n’ont pas eu de professeur de Français pendant 3 mois. Quant à la classe de Première L, elle a eu certes un professeur de français, mais sans formation, l’année où ils passent le bac français justement.
Ici, l’Etat fabrique l’échec scolaire.
Nous sommes parent d’élèves à Saint-Denis depuis l’école élémentaire, et pas une année ne s’est passée sans que nous ayons dû « réclamer » des remplaçants à l’Education nationale. Tous les ans, nous avons alerté l’institution, et souvent manifesté pour que nos enfants aient simplement droit à un enseignement. Est-ce cela « l’égalité républicaine » ?
Depuis plusieurs années, les remplaçants formés sont de plus en plus rares. En Seine-Saint-Denis particulièrement, de plus en plus de contractuels sont recrutés. Certains sont formés, d’autres non. Pour faire des économies de bout de chandelle, on recrute des professeurs au statut précaire, moins payés, corvéables à merci, qui ne peuvent pas faire leur travail correctement. On place nos enfants en situation d’échec, et vous nous parlez d’égalité des chances, « d’Ecole de la confiance ». On nous dit même qu’en Seine-Saint-Denis, nous serions mieux dotés qu’ailleurs.
Alors que faire ? Nous avons rencontré la direction du lycée en décembre, qui nous a assurés « faire son possible ». Nous avons interpelé le proviseur et son adjoint de nouveau par mail en janvier sur cette situation préoccupante et n’avons eu aucune réponse. Nous n’acceptons plus les discours de l’institution qui nous propose des cataplasmes sur une jambe de bois, nous n’acceptons plus le mépris avec lequel on nous traite. Aujourd’hui, une fois de plus, nous vous interpelons : vous qui avez des enfants également, accepteriez-vous cet enseignement au rabais ?
Vous voulez les meilleures écoles pour vos enfants ?
Nous voulons simplement des enseignants devant nos enfants, des enseignants formés, des conditions d’apprentissage qui permettent à nos enfants d’apprendre, de se cultiver et de devenir des adultes conscients et autonomes, qui trouveront leur place dans la société.
Nous sommes exigeants : pour nos enfants, nous exigeons cette égalité républicaine qu’est un enseignement de qualité pour tous. Nous ne sommes pas dupes : ce n’est pas un drapeau tricolore dans chaque classe qui remplacera cette véritable égalité.
Pour nos enfants, nous exigeons qu’un professeur de français formé, expérimenté les accompagne, pendant leurs heures de cours habituelles, pour préparer l’épreuve anticipée de Français qui aura lieu au mois de juin. Nous attendons de vous également l’assurance que cette situation ne se reproduise pas une fois de plus l’an prochain.
Nous attendons de vous une réponse rapide, vue l’urgence de la situation et les multiples alertes que nous avons lancées, sans réponse efficace jusqu’ici.
Veuillez croire en notre attachement au Service Public d’Education, qui ne doit pas être pour les enfants de notre ville, une simple garderie.
Mme Guerlet, Mme Lafleur, M. et Mme Ouchouche, Mme Soumaré, M. Kebli, M. Perez, M. Saint-Prix, Mme Abbas, Mme Rouchy, Mme El Yousfi, M. Frey, parents d’élèves du lycée Suger, avec la FCPE du lycée Suger.
Contact : Marisa Soumaré 06 07 78 14 32- marisa.soumare@gmail.com
parents d’élèves du lycée Suger.